jeudi 15 octobre 2009

Le régime Pirate : des bottes au banquet

"Aujourd’hui vivants, demain morts, que nous importent d’amasser et de ménager! Nous vivons au jour le jour et ne faisons cas que de celui qui passe, jamais de celui qui doit venir. Viendra-t-il? Fol qui s’en soucit! "

(A. Oexemelin, 17e siècle)

Ils erraient dans la mer des Antilles sans lendemain, leurs ventres gonflés criaient famine. Depuis des semaines, ils n’avaient mangés que de maigres rations de pain dur comme du bois, grouillant de vers et de viande de porc salée, pourrie, trempés ensemble dans l’eau de mer pendant des heures et bouilli. La nourriture était tellement dégueulasse que les hommes préféraient manger dans le noir. Les vivres manquaient cruellement et l’eau attirait d’immondes insectes qui fallait filtrer avec les dents. Bientôt, il ne restait plus rien. Les hommes affamés étaient condamnés à se nourrir de cordage, du cuir des bottes et des gaines de couteau. Les Espagnols étaient trop nombreux et défendaient farouchement les côtes d’ Hispaniola, empêché de se ravitailler l’équipage était trop affaibli pour risquer une confrontation avec l’ennemi. Heureusement que le capitaine leurs avait promis du rhum à volonté, ce qui avait motivé bien des matelots à quitter la marine marchande pour devenir des pirates, mais l’enivrement n’arrivait pas à leur faire oublier la faim violente qui leurs brûlait les entrailles.

Un jour au large d’une île, ils ont pris un certain nombre de phoques et de fous de bassan. Ils ont avalé cet étrange repas avec dégoût même s’ils n’avaient pas manger de la viande fraîche depuis longtemps. Ça commençait à sentir la mutinerie, les hommes menaçaient de tuer et de jetter à la marmite le poète, qui était du voyage, mais le capitaine fin comme un renard a alors suggéré à son équipage de se concentrer, d’imaginer, de comparer le phoque à du cochon rôti et les fous de bassans a des poules. Les pirates se sont calmés. Le lendemain, ils ont capturé une tortue gigantesque, il a fallû une dizaine d’ hommes pour la hisser à bord et la tourner sur le dos, et une longue journée de labeur pour la cuisiner et savourer cette viande aux milles vertus, cette chair délicate capable de guérir plusieurs maladies et surtout de leur redonner force et courage. Ce ne pouvait être qu’un bon présage. Quelques jours après, les pirates ont aperçu au loin et pris en chasse un navire espagnol éloigné de la flotte, et sans trop de résistance, ils ont abordé et assassiné tout ses occupants. Impatients, les hommes se sont précipités sur la réserve de vivres de l’ennemi pour dévorer tout ce qui leurs tombait sous la main. On dit que les pirates fous de joie ont alors organisé un grand banquet où ils ont mangé, bu et chanté, sans arrêt pendant 3 jours.