lundi 25 février 2008

Chronique historique 2

Le Cacao : quand l’argent poussait dans les arbres

L’histoire du cacao remonte à une époque très lointaine et prend sa source dans en plein coeur de la forêt tropicale il y a 10 000 ans. Elle est étroitement liée au sort des grandes civilisations pré-colombiennes, Olmèque, Izara, Maya, Aztèque. Arbre de vie, nourriture des dieux, trésors de guerre, une des plus vieilles monnaies du monde. Valeur économique, sociale et symbole religieux. Des petites graines aux milles vertues : aphrodisiaques, toniques, ennivrantes.


Aujourd’hui le chocolat est devenu une denrée alimentaire comme les autres, une chose, dénaturée, banale et bon marché dans son emballage plastique. Mais comment est-il arrivé jusqu’à nous? Comme le café, le thé et le sucre de canne, le chocolat est une nouvelle habitude alimentaire apparue dans l’histoire de l’occident à partir de la Renaissance, un besoin superflu devenu indispensable. Conquêtes, violences, esclavage, au nom de la civilisation pour contrôler et marchander ces petites drogues douces du quotidien.

Le chocolat a été rapporté du Nouveau Monde par les conquistadors espagnols, tout comme de nombreux aliments : maïs, pomme de terre, tomate, poivrons, piments forts, vanille, tournesol, haricots, arachides, etc... Les guerres et les conquêtes sont des agents transformateurs de culture, provoquant des sortes de séismes culturels. La boisson des dieux, le cacahualtl, était réservée aux nobles et aux guerriers. "Une seule coupe permet de marcher toute une journée sans ressentir de fatigue et faim'' , et pourtant, toute l'armée aztèque qui carburait au chocolat, a dû s'avouer vaincu par Cortès et une poignée d'hommes. Nos habitudes de vies sont parfois étroitement liées aux grandes rencontres avec l'histoire et la légende.

Il était une fois un puissant roi Aztèque qui s'appelait Quetzalcoalt, le Serpent à Plume. Il était le dieu de l'air, de la lumière et de la vie. Il était grand jardinier du Paradis des premiers hommes. Dans ce jardin poussait le Cacaoyer. Quetzalcoalt avait enseigné l'art de la culture du Cacaoyer à une princesse en récompense de sa fidélité. Un jour que son mari était parti à la guerre pour défendre les frontières de l'empire, des guerriers s’étaient présentés chez elle pour voler leur trésor, comme elle a refusé d'indiquer le lieu de la plantation, les guerriers l’ont tué et de son sang versé, des Cacaoyer se sont mis à pousser, leurs fruits cachaient un trésor de graines amères comme la souffrance, fortes comme la vertu, rouge comme le sang noble qui avaient été versé pour eux.

Destitué de son trône, Quetzalcoalt a un jour quitté le pays à bord d'un grand bateau qui est parti vers l'est comme il était venu. Depuis les aztèques attendaient son retour...Et voilà qu'un jour en 1519, comme l’avait prédit les astrologues, est arrivé un grand bateau qui venait de l'est. Des étrangers sont descendus conduits par un chef, Hernan Cortès, le roi au visage blanc. Les Aztèques ont accueilli les Espagnols à bras grands ouverts, croyant qu’il s’agissait du retour inespéré de Quetzalcoalt, le Serpent à Plume et toute sa suite. L'Empereur s'est empressé de les recevoir au palais et a organisé une grande fête. Une boisson amère et épicée leur a été servie, par de gracieuses vierges dénudées, dans des coupes en or finement sculptées. "Un breuvage pour les porcs" se sont exclamés les Espagnols...

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